C'est le bagne, la Guyane !

On en sortira jamais...

"A l'occasion des fêtes de Noël" (et des cadeaux qui vont avec !), les éditions  du Valhermeil (que je ne connaissais point, à ma très courte honte...) font paraître un livre de Jack Le Roux, "La Guyane le bagne : un siècle de presse illustrée, de 1840 à 1940."

Le contenu est fidèle au titre : les pages se feuillettent agréablement, alternant couvertures de l'Assiette au Beurre, de Détective et du Petit Journal Illustré que l'auteur collectionne avec une évidente passion. Les noms d'Ullmo, de Seznec et de Dreyfus accompagnent des illustrations souvent très colorées, mais surtout lourdes de douleurs...

Je suis très partagé devant ce type de livre (que, il faut le dire, en tant de papivore, j'ai acheté !) : quel profit peut tirer la guyane de ce type de souvenirs régulièrement exploités ? Il est certainement important, voire essentiel, que la mémoire de ces milliers de bagnards soit honorée, quels que soient leurs "forfaits", tant leurs conditions de vie ici étaient horribles. Par ailleurs, suffisamment de vestiges sont encore matériellement présents pour mériter d'être mis en valeur : finalement, en dehors d'un patrimoine créole assez riche et en cours de restauration à Cayenne et Mana, c'est autour du bagne et de son histoire que peut s'ériger un tourisme "culturel", tant à Saint Laurent (ville du bagne par excellence), qu'aux Iles du Salut : on va vous épargner la liste des sites, mais n'oublions néanmoins pas le bagne des Annamites, qui nous rappelle une histoire récente.

Mais la Guyane peut-elle sortir indemne de cette fixation sur le sujet, qui montre le département comme une éternelle terre de misère ?

Dans sa préface, l'auteur nous précise "cette recherche du sensationnel et de l'insolite explique l'absence ou la rareté des articles illustrés, sur la société créole, particulièrement paisible et plus étonnant sur la communauté bushining&. Les premiers articles recensés datent de 1852. On ne trouve à ma connaissance aucun article sur l'abolition de l'esclavage en Guyane, intervenue en 1848."

Voici donc un vaste travail pour les historiens... encore que... l'esclavage, il semble qu'on ait déjà fortement travaillé le sujet  - travaux dont je serais mal venu de nier l'utilité, dans la mesure où ils sont effectués avec objectivité - et qu'il serait désormais nécessaire d'envisager l'avenir du département sous un angle dynamique, afin qu'il puisse se construire sur des rires d'enfants et dans une perspective d'ouverture.

Mais je vous le redis, j'ai acheté ce livre, et il constituera sans doute l'un des livres les plus achetés pour Noël : n'oubliez pas non plus les Terres Noyées d'Eunice Richards-Pillot, c'est l'occasion ou jamais !

A très bientôt !