La danse des papillons cendre...

Ainsi que dans un ballet à la parfaite chorographie, les danseurs ont repris leur envol... ils ont revêtu leur costume délicatement teinté de nuances beige et marron et, ainsi qu'on leur avait enseigné, ont réentamé leur cycle trimestriel...

Je ne vous parle point ici de Norma Claire et de la compagnie Anti Podes, certes non ! mais des désormais familiers "papillons cendre" qui, attirés par les lumières vives des néons ou autres lampes blanches, tant publics que privés (éclairages des stades ou des rues, des terrasses - restées illuminées toute la nuit pour éloigner les voleurs (est-ce qu'on classe le papillon dans la catégorie "voleur" ??? -, etc...), ont fait leur réapparition dans notre bonne île de Cayenne, mais aussi a priori leur apparition à Roura.

Pour l'instant, la papillonite, syndrome causé par les milliers de fléchettes urticantes lancées lors de leur gracieuse danse par mesdames les futures mamans papillons, semble moins importante que la vague du mois de juillet. Je vois néanmoins quelques personnes, déjà envahies il y a trois mois, atteintes sur l'ensemble du corps aujourd'hui. Qui ne connaît point l'impression provoquée par la papillonitte ne peut se rendre compte comme il est difficile de ne pas se laisser envahir par le stress : très différent de la démangeaison insoutenable provoquée, pour les allergiques, par l'attaque des pous d'agouttis, le sentiment ressemble à un effleurement constant et progressif des nerfs, ce qui rend désirable la douche brûlante, que l'on parvient à prendre si chaude que le tube de biafine ne doit guère être éloigné pour s'en tapoter délicatement après ladite douche (tapoter seulement, pas se frotter : lorsque l'on se savonne, par exemple, on risque de disséminer les fléchettes ailleurs que sur le premier impact : c'est donc moyen !

Ne marchez pas pieds nus chez vous, changez quotidiennement de linge, de serviette de toilette, voire de draps, lavez sols et meubles très fréquemment ; si vous avez des chiens ou chats risquant d'être infestés, ne les caressez pas, veillez à leur lieu de repos. Lavez-les eux aussi...

Et tentez d'éviter de vous gratter, cela n'arrange rien, naturellement : une fois que l'on commence, il quasiment impossible de s'arrêter !

J'ai entendu hier quelqu'un dire qu'il était naturel que la papillonite ne soit pas trop importante pour l'instant parce que ce sont pour l'instant des mâles que l'on voit (on sait que ce sont les vilaines femelles qui, pour protéger leurs oeufs, se protègent l'abdomen avec ces fléchettes) : cette hypothèse me laisse sceptique !

Pareillement, il est avancé que la poussée de la mangrove est responsable de cet invasion. Il paraît cependant que la mangrove doit être beaucoup plus âgée et grosse pour servir de refuge aux papillons. Et que ce retour des papillons est cyclique : il y aurait déjà des papillonites il y a six ou sept ans dans l'agglomération de Cayenne. Et la ville de Sinnamary est très touchée par le phénomène, au point d'être obligés d'instaurer un "couvre-feu" quotidiennement à la "bonne époque" : c'est dire qu'on ne maîtrise pas vraiment grand chose...

Bon, voilà, c'était un petit message d'info, et aussi pour dire à ceux qui sont atteints qu'ils ne sont pas seuls... et que la période de "grattouille" intense ne dure - enfin, normalement - que quelques jours. Et qu'a priori cette "pathologie" ne laisse pas de séquelles sur nos petits organismes... donc, pas de panique !

A bientôt.