La mousson à Cayenne ???

Terrible, le retour de la "vraie" saison des pluies... Pas de chance, je suis en vacances et des amis ont eu la témérité de venir passer une semaine en guyane... quel déluge, fabuleux !!!

Hier, nous avons meublé leur première journée par la visite, le matin, du musée départemental Alexandre Franconie et celle, l'après-midi, du musée (régional) des Cultures Guyanaises.

Pour ceux qui ne connaissent pas, je vous recommande le musée franconie ; il jouxte "ma" bibliothèque, et est un musée de musée, tant il est désuet... beaucoup de choses y sont présentées, quoiqu'elles manquent quelque peu de légendes explicites (datations, etc...). Au rez-de-chaussée, essentiellement les animaux "pays", une multitude d'oiseaux multicolores magnifiques, un énorme caïman noir, des serpents - dont un boa constrictor vivant, périodiquement ravitaillé en souris blanches vivantes... - (y a des gens que ça amuse...) ; quelques bocaux garnis d'animaux monstrueux, genre "cochons siamois reliés par le groin", nageant dans le formol...

Un espace du rez de chaussée est consacré à l'histoire, ainsi que le premier étage ; des maquettes, des textes rédigés par le gourveneur au moment de l'abolition de l'esclavage pour expliquer aux populations - noires - comment allait se dérouler leur nouvelle vie (eh oui, il fallait bien une charte, cela n'était pas si simple !), toute une série des peintures de Francise Lagrange (FLAG) faisant revivre le quotidien des bagnards (pas vraiment drôle). Et puis un grand espace consacré à une exposition déroulant le parcours de Félix Eboué, guyanais mort le 17 mai 1944 au Caire après un parcours africain aujourd'hui remis en cause par certains chagrins regrettant qu'un colonisé ait pu travailler pour le colonisateur... L'histoire est faite de compromis qu'il est toujours facile de critiquer avec du recul, alors que je crois délicat de se permettre de se mettre dans la peau d'un autre...

Mais la critique est toujours aussi aisée, tant l'art est difficile, c'est bien connu !

Bon, en ce jour de pluie, je ne puis que vous conseiller de vous replonger dans "la Mousson" de Louis Bromfield... Il a enchanté mon adolescence. Ressorti chez Stock en 2004, il est passionnant. L'histoire se déroule en Inde, on attend la mousson qui n'arrive pas... mais lorsqu'elle débarque, c'est avec une violence terrible... Un peu comme le déluge actuel ! En cette année où l'Inde et sa littérature sont à l'honneur au Salon du Livre de Paris, ce petit bijou est à réexaminer avec intérêt, il fait partie des classiques, même si Bromfield était un écrivain américain (1896-1956), lauréat du Prix Pulitzer.

Il devait très bien connaître l'Inde pour si bien la décrire, et la description de ses héros nous les rend bien proches. Il fait dire à un de ses personnages, dans Mrs Parkingston : "Ne jamais perdre le contact avec les menues réalités quotidiennes, c'est là un principe qui permet de beaucoup endurer", et je pense que ce message est tout en finesse et plein d'espoir...